Ce nouveau numéro de Plan Libre est entièrement consacré à l’enseignement de l’architecture, plus précisément aux espaces dans lesquels est enseignée l’architecture. Le lien entre pédagogie et espace est inévitablement au coeur de chaque projet d’école et de façon plus explicite, plus critique, au sein des écoles d’architecture. En France après 1968, la création de bâtiments spécifiques dédiés à l’enseignement de l’architecture constitue un cadre exemplaire de cette réflexion autour de l’espace pédagogique. Chaque Unité Pédagogique d’Architecture construite alors était…

Ce nouveau numéro de Plan Libre est entièrement consacré à l’enseignement de l’architecture, plus précisément aux espaces dans lesquels est enseignée l’architecture. Le lien entre pédagogie et espace est inévitablement au coeur de chaque projet d’école et de façon plus explicite, plus critique, au sein des écoles d’architecture. En France après 1968, la création de bâtiments spécifiques dédiés à l’enseignement de l’architecture constitue un cadre exemplaire de cette réflexion autour de l’espace pédagogique. Chaque Unité Pédagogique d’Architecture construite alors était une formulation des liens possibles entre espace et apprentissage. L’École d’Architecture de Toulouse, construite en 1974, est à ce titre un projet ambitieux. Conçue par Georges Candillis, le bâtiment fait l’hypothèse d’une structure commune qui supporte et catalyse les formes d’appropriations variables et changeantes au grès du projet pédagogique. Daniel Estevez, d’abord étudiant puis enseignant au sein du bâtiment raconte la transformation conjointe du projet architectural et pédagogique. Lors d'une visite critique du bâtiment, il en retrace l’histoire au moment où une nouvelle extension d’ampleur est étudiée annonçant un nouvel horizon pédagogique pour l’enseignement de l’architecture. Un espace sans forme, commun et changeant au grès des usages est aussi au coeur de la recherche effectuée par Xristina Argyros et Ryan Neiheiser. Par la photographie de maquettes d’exemples choisis, ils illustrent la variété de formes qu’ont prit ces « espaces libres » au sein des institutions pédagogiques depuis la peinture de l’École d’Athènes par Raphaël aux projets les plus récents et évoquent par la même la diversité des usages qui y sont liés. Gilly Karjevsky et Rosario Talevi restituent le projet pédagogique lié à l’auto-construction d’une architecture pédagogique éphémère et flottante sur les bassins de rétention d’eau de l’aéroport de Tempelhof à Berlin. L’élaboration, la fabrication et l’expérimentation de ce milieu singulier, amalgame de ville, d’infrastructure et de nature, y devient une réalité éduquant hors de l’institution pédagogique. Pour finir, Andrea Urlberger lève le voile sur les malentendus et interprétations des enseignements du Bauhaus à travers les témoignages de chercheurs et praticiens spécialistes de cette école pluri-disciplinaire. L’ensemble des contributions ont à coeur de célébrer l’école comme la structure d’accueil de l’imprévu et du surgissement spontané indispensables à l’émulation de l’enseignement. Chacun rappelle la continuité des approches empirique et théorique, du faire et du penser, ainsi que la nécessité de trouver hors de l’atelier et hors des institutions, dans le couloir ou dans la rue, des réalités pour apprendre. L’indétermination de l’espace semble y être la corrélation du doute positif, nécessaire et enthousiaste qui animent ceux qui partout apprennent.

Sébastien Martinez-Barat et Joanne Pouzenc

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