En lançant un appel à contributions destiné aux chercheur.euse.s, nous avons souhaité donner un aperçu des recherches en cours dans les laboratoires et les écoles, ainsi que dans les agences et au-delà. La recherche est indissociable du métier d’architecte, qu’il
soit exercé de façon opérationnelle ou prospective, que ces recherches soient menées par les architectes eux-mêmes ou que leurs pratiques soient la chambre d’écho de recherches menées par d’autres. Malgré cette évidence, l’activité des chercheur.euse.s et l’exercice de
l’architecture semblent s’épanouir dans des lieux, selon des temporalités et des rituels, connexes mais distincts.
L’ambition de ce numéro est de laisser entrevoir une sélection exemplaire, nécessairement non exhaustive, de recherches contemporaines. À partir de la cinquantaine de contributions reçues — en majorité d’architectes-enseignants au début de leur carrière professionnelle — nous en avons sélectionné onze. De par ses choix, la rédaction de Plan Libre s’est attachée .à valoriser l’éclectisme des approches, tant sur le plan des méthodes que des sujets.

L’étude d’un lieu, d’une ville, et les questions relatives à la méthodologie du projet restent parmi les problématiques principales de recherche et s’inscrivent dans une tradition connue de la littérature scientifique. Les approches historiques, portées par une jeune génération d’universitaires, s’intéressent à une histoire plus récente — celle de la fin du siècle passé — marquée par l’émergence de figures d’architectes médiatiques. Des approches culturalistes abordent l’architecture comme industrie culturelle et visuelle notamment via le cinéma ou les séries télévisées, et témoignent d’une attention populaire croissante portée à l’architecture. Enfin, parmi les contributions reçues, de nombreuses propositions sondent les liens entre nature et architecture, en renouant avec une culture paysagère qui, au cours du
siècle passé, s’est éloignée de l’enseignement, de la théorie et de la pratique de l’architecture.

En ouverture de ce numéro, la contribution visuelle de Simon Boudvin documente une recherche empirique sur le développement des Ailantes sur la commune de Montreuil au cours des neuf dernières années. Documentation préalable à l’élaboration d’un contenu textuel, cette contribution rappelle que les recherches même les plus abstraites s’inscrivent dans la compréhension d’un bout de réalité, parfois trivial, parfois caché, parfois loin de nous.

Sébastien Martinez-Barat et Joanne Pouzenc